Marathon d’Annecy : échec et mat.
Un an après mon premier marathon (et mon dernier compte rendu !), je m’y recolle quasiment jour pour jour. Ce CR est d’une certaine façon un exutoire.
La préparation avait été calqué de la même façon : 10 km à l’automne, cross cet hiver et semi de préparation.
Mais le déroulement a été différent avec des points noirs : abandon lors de mon 10 km de rentrée, malade avant celui de novembre (alors que j’étais en pleine forme), complètement à la rue lors des demi-finales des France de Cross dans un terrain qui ne me convient pas du tout.
Mais aussi de très bonnes choses : un bon cross départemental et un 33 min 55 aux 10 km de la Grande Motte en pleine prépa marathon sans avoir eu l’impression de me faire mal.
J’ai fait quelques choix avec le coach JP Monciaux : la dernière compétition se fera sur le semi de Bourg en Bresse qui a « l’avantage » d’être vallonné et exigeant. Je laisse tomber les France de 10 km à Roanne qui sont trop proches du marathon (j’en connais qui derrière son écran se dit que j’aurai du venir ;) ).
J’arrive (comme l’an dernier) en forme à Annecy. Je ne me sens pas fatigué et armé pour viser un chrono conforme à mon état de forme et mes possibilités : 2h45.
D’ailleurs, lors de mes sorties longues (avec du travail spécifique), si je ne me sens pas plus rapide que l’an dernier, je me sens bien plus à l’aise ne serait-ce que musculairement.
Je termine à chaque fois mes sorties longues sans être cassé musculairement et en ayant de la réserve.
Cette deuxième expérience a l’avantage de me permettre de l’aborder plus sereinement, avec moins de stress et d’appréhension.
L’avant course :
Contrairement à Paris (où madame avait le ventre quelque peu arrondi), Sandra fait le déplacement avec notre choupette en plus (c’est LA nouveauté !).
On arrive sur Annecy le samedi matin (j’ai même repéré une bonne partie du parcours la semaine précédente en vélo) : le temps est … pourri. Frais voire froid, pluie. J’en profite pour faire mon dernier footing en fin de matinée : jambes qui tournent bien mais cardio haut.
Bref, ça ne sent pas les conditions idéales. Le temps annoncé le lendemain est identique.
Je vais retirer mon dossard l’après-midi, tout le monde se met au chaud et au sec.
Il y a du monde mais l’effervescence est minime par rapport à Paris. C’est une autre épreuve et ça a l’avantage d’être moins happé par l’ambiance. Ça me va très bien !
Le soir, repas sympa à 3, une petite mi-temps du match OM – OL et dodo.
Comme prévu, le sommeil est long à trouver mais tout est normal. Pas de stress plus que ça, juste de l’impatience !
Jour J :
Le départ est prévu à 8h30. Je rejoins les potes du club : Pedro, Toto, René, Gilles. On se charrie et on se réchauffe sous la pluie et le froid (4/5°c !).
Je me sens bien à l’échauffement même si j’ai vite froid aux mains malgré mes gants.
Le seul gros hic est le bracelet de ma montre qui casse 20 min avant le départ !!
Rrrrrrr ! Tant pis, je vais courir en la gardant à la main et la serrant. Ce n’est pas très gênant (et ça ne le sera pas).
J’ai un dossard préférentiel et je peux me caler devant. J’arrive à faire rentrer un coureur de St Marcellin qui vise le même chrono que moi. On décide de partir ensemble.
La course :
8h30, PAN,c’est parti pour 42, 195 km en aller/retour d’Annecy à Doussard sur la piste cyclable le long du lac.
Assez facile de trouver son rythme par rapport à Paris, moins de monde.
Des petits groupes se forment vite, on discute de nos chronos espérés même si tout le monde sait que ça va être difficile avec les conditions du jour.
Je mets quelques kilomètres à me réchauffer, je suis vite calé dans la bonne allure.
Nous sommes un groupe d’une dizaine de coureurs. J’ai retenu la leçon de l’an dernier : ne pas mener mon groupe.
Je me mets au chaud en m’assurant que le groupe n’est pas trop « lent ». Je me sens bien mieux à jambes qu’à Paris où je n’étais pas dans un super jour.
On alterne entre 3 min 55 et 3 min 3 57 au kilo, c’est bien mais e trouve parfois que ça ralentit.
Sans accélérer, le groupe se décante et je me retrouve (déjà !) presque seul.
Je rentre facilement, sans forcer avec un autre coureur sur un groupe de 4 coureurs.
Nous serons désormais 6 pendant plus de 30 km. Le groupe est très régulier, un coureur imprègne le rythme et le fera tout le long.
Deux coureurs semblent plus faciles que les autres : un militaire et un suisse. Cela s’avèrera vrai !
Moi, je fais ma course, métronome et relâché. Seul hic, la petite douleur près de la cheville ressentie lors des sorties longues réapparait par moment sur les parties bombées de la piste cyclable.
Je m’hydrate régulièrement avec mes fioles (Nutratelic).
Premier 10 km en 38 min 59, second 10 km en 39 min 02, passage au semi en 1h22 min 11.
Pile poil dans les cordes et tous les signaux sont au vert. Notre petit groupe s’est étiré et ça a accéléré. Je me retrouve seul à traverser Doussard dans une partie moins roulante (Le 40 km de l’Annecime partait de Doussard et je reconnais quelques coins).
D’ailleurs, le demi-tour permet de se rendre compte que nous aurons un vent léger contraire mais régulier sur tout le retour. Comme prévu en somme.
Un coureur italien revient régulièrement sur moi et nous revenons d’ailleurs sur le petit groupe qui a fléchi devant.
Ce retour est agrémenté par tous les autres coureurs qui sont sur la partie aller. Je vois Guillaume qui m’encourage. Egalement Patrick Bringer qui fait le lièvre pour madame.
Je suis concentré depuis le début, dans ma bulle.
C’est sympa, les autres coureurs nous encouragent nous voyant bien seuls.
C’est par moment un peu limite en largeur quand nous croisons les ballon s des 4h30 (la piste cyclable n’est pas séparée sur les deux sens).
Km 25, toujours dans le bon tempo, on perd un peu dans la partie qui remonte légèrement.
Pas encore de lassitude physique que j’avais commencé à ressentir à Paris.
Arrive le premier moment clé du marathon, le passage du 30ième.
Dans les rues de la capitale, le mur était survenu à ce moment soit beaucoup trop tôt.
J’avais fini très péniblement pendant près de 10 km à 12 km/h, en m’efforçant de ne jamais marcher.
J’avais « tenu » si on peut dire pour terminer en 2h53.
A Annecy, les premiers signes de fatigue sont apparus au 30ième mais pas de coup de bambou.
L’allure commence à faiblir mais rien d’alarmant.
Un coureur revient sur moi et nous sommes maintenant dans la même allure.
On se motive et on s’encourage en se disant que c’est jouable entre 2h46 et 2h48 si qui serait très bien vu les conditions.
On se relaie.
32ième, 33ième, 34ième, on commence à serrer les dents et j’ai un premier coup de moins bien. Je lâche quelques mètres.
Et j’ai cette envie de pisser depuis le … 5ième kilomètre environ. Je m’étais que ça passera comme d’habitude avec l’effort et que j’éliminerai naturellement.
J’essaie même de pisser en courant. Impossible.
Mais rien de cela, ça ne passe pas et ça commence franchement à être pénible à supporter.
D’ailleurs, ce n’est pas la grande forme niveau jambes.
Au 37ième, je décide de m’arrêter pour me soulager, espérant du même coup éliminer en contrepartie. Tant pis, je vais perdre plus d’une minute.
Stop. Impossible de défaire cette put*** de ficelle, grrrr. Je perds du temps, beaucoup trop.
La décision est prise : je me soulage sur moi.
Que ça fait du bien, je revis …
Je compte repartir et là, deux cannes en bois.
Scotché, des jambes de vieillard comme je n’en ai jamais eu (normal vous me direz).
Je n’arrive pas à aligner deux foulées. Je réessaie, même constat.
Je m’énerve, j’ai envie de crier, je le fais d’ailleurs.
Quelle connerie !
Tout était presque parfait, j’étais dans un bon jour, prêt et je pensais pouvoir serrer les dents.
Mon espoir disparaît. Je réessaie. Toujours rien. Des bénévoles m’encouragent et me disent que ça redescend franchement derrière.
J’ai envie de jeter mon porte ceinture, de m’assoir et de hurler ma rage. Mais je n’ai pas le droit d’abandonner pour mes proches.
Je retente une dernière fois et je me lance dans la descente.
Plus d’envie de me battre, mes jambes sont hors service.
On aperçoit le Pâquier, il doit rester 3 km. Le coureur de St Marcellin me double.
Il est aussi dans un sale état. Il me dit de s’accrocher.
Je reste avec mon compagnon d’infortune. Deux soldats, têtes basses rentrent au QG. On ne pense plus à rien.
Puis, j’ai un second souffle en voyant que les jambes reviennent un peu.
Je vois d’ailleurs que je lâche mon fidèle compagnon.
C’est moi qui l’incite. Mais le chrono ne sera pas bon. Il
doit rester un gros km quand je vois … Toto en me retournant !!
Et là, je sais que son objectif est de terminer un jour devant moi sur marathon. Sur le coup, je n’ai franchement pas envie de relancer pour terminer devant.
Je ne le mérite pas finalement. Il fait une super course alors que l’on ne pensait pas en supe forme.
Mais ma fierté en prend un coup. Et là, oh miracle, je retrouve presque des jambes de 20 ans.
Je relance sans trop de soucis finalement, en m’oubliant la douleur et en finissant sur un bon rythme pour ce dernier kilomètre. D’ailleurs, même si me retourne, je sais que Toto ne pourra pas revenir à cette allure.
Je passe la ligne en 2h53 dans un chrono presque identique qu’à Paris mais en perdant un temps fou dans les 5 derniers kilomètres. 77ième sur 2618 arrivants.
Je suis fatigué, énervé, déçu, content d’en finir. C’est un mélange de sentiments difficile à définir.
Et je m’en veux. Pour un détail, je le paie cash. J’ai l’impression d’avoir manqué de ressources mentales pour me battre au moment où c’était difficile.
Avec le recul, j’aurai du plus m’accrocher et je pense qu’une fois ce moment très difficile, j’aurai pu finir autour de 2h48.
Mais le marathon est impitoyable.
J’ai mis du temps à digérer cette frustration (pas certain que ça soit encore passé).
D'ailleurs, ce graphique est assez éloquent sur le temps perdu en fin de course:
Je pensais refaire un marathon à l’automne pour oublier cette mésaventure.
Mais je vais rester sur mes envies pour cet été et cet automne : trail, courses de montagne avec l’objectif de fin saison ; les Templiers !
Place aux chemins !
Commentaires
Ce n'est pas un échec de ta part mais comme tu le dis : "le marathon est impitoyable"
CédricLa frustration est légitime mais quand le lis ce CR, je me dis, "C'est un bon et un grand mon frère"
Ce n'est quand même pas passé loin... Et tu le dis toi même, la prépa était bien meilleure, et les sensations aussi, donc ça va passer, je ne me fais pas de soucis pour ça :P
Au plaisir de se revoir
Taz le Diable